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Claire DESTHOMAS-DEMANGE



BIOGRAPHIE

Claire Desthomas-Demange enseigne l'anglais en classes préparatoires au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. C'est une passionnée de littérature, de langue anglaise et elle est une amoureuse de l'Espagne. Elle aime la nature, le chant, la musique, la peinture, la poésie. Elle pratique beaucoup la marche et l'escalade. Les grands espaces ardus sont ainsi une de ses sources d'inspiration. Elle dessine, peint et chante, écrit de la poésie simplement et spontanément. L'élément déclencheur de sa vocation poétique fut la mort de son père André Desthomas qui comme elle chantait, écrivait et dessinait et en outre adorait Vialatte. Claire desthomas-Demange prépare actuellement un recueil illustré.



TEXTES

HAÏTI

Sans toit sans pain sans rien
Seuls avec la terre et le ciel
Craquent béants éclatent
Se brisent en abymes

En un éclair s'effondrent
Et les corps et les cœurs
Hurlent leur souffrance
Haïti le sang noir

Haïti au sang noir

A la chair fraternelle
Entaillée par la pierre
Sang noir mêlé sang rouge
Par la terre captive

Haiti assailli
Les plus purs sont tombés
En un champ de décombres
Haiti est tombé

Le jour au champ d'honneur
Leur vie d'avant mardi
Mer et soleil leur vie
Mais nous étions si pauvres
En cet après midi

Quand la terre a tremblé
Corbeau noir corbeau noir
Dans l'ombre des décombres
Vit encore Haiti



QUI SUIS-JE

Me ferai petite toute petite
Pourras me mettre dans ta poche,
Seulement dans ta poche
Ne t'embarrasserai jamais
Serai simplement près de toi
Ou bien même tout contre toi

Je me ferai légère,
Me reconnaîtras-tu?
Parfois un petit signe
Le murmure d'un ange

Non tu ne pourras pas le dire
Je suis trop petite et légère
Un souffle de tendre désir
Effleurant ton cœur découvert

Écoute tu ne m'entends pas
Regarde je suis transparente
Mais je sais tu ne me vois pas
Qui te désire bien vivante

Il me suffit d'un battement d'aile
D'un éclair feutré de lumière
Une plume blanche pastel
Magique dans tes mains d'expert

Moi je suis la colombe et toi le magicien



RAVAUDER

En écho à Bruno Latour

Ravaler ravauder repriser la terre
Passer l’ aiguille dessus dessous dedans dehors
Tant de trous
Un trou énorme
Les mites ont travaillé
Dans leurs petits coins sombres
Se sont bien nourries
De laine et de cachemire.

Allez allez la terre a besoin d’air
Elle ne se reconnaît plus
Où suis-je dit elle
Qui suis -je ?
Il y a tant de mites
Il y a tant de trous

Des millions de petites mains
Sont demandées
Pour ravauder
Et réfléchir aussi
Pour ravauder
Il faut espérer
Aimer
Il faut le geste et la beauté du geste
Et pour panser il faut penser

À moins de laisser faire
D’oublier
Déni de mémoire

Ainsi vivrons nous dans les trous
Entre deux bords
Sans aiguille

Et la terre alors ?
A force de trous
Comme un tissu usé

Dans le ventre des mites

À vos aiguilles !!
Ou suis-je ?



L’ENFANT SUR LA PLAGE

Il regardait le sable mouillé
Luisant de mer
Ses grains baignés de bleu
Ou bien de gris
Quand le ciel était sombre

Invitation à écrire
Sur la page de plage
Ces quelques mots
Maman je t’aime
Fragment d’enfance

Il regarda la mer
Puis le sable à nouveau

Mais
Palimpseste d’enfance
Il ne restait que le M
Le M de Mer
Le M de Mère
Mais
La Mer sans la Mère

L’ enfant prit peur
Se retourna
Chercha
Celle qu’il avait quittée des yeux pour la Mer
Elle n’était plus là
Il était seul sur la plage et il se mit à pleurer

LE M DE MORT



MEMBRES