Marie Simoes
Toute ma vie j’ai aimé la littérature. Professeur de lettres, j’ai fait de mon métier une passion et un engagement, en Picardie, en Normandie, dans le Nord puis dans mon Auvergne natale. J’ai consacré mon énergie à aider les jeunes à lire, à réfléchir, à écrire, à aimer (ou pas). Aujourd’hui, je cultive mes jardins intérieurs, ceux que j’ai semés et ceux que j’ai perdus. Alors parfois, j’ose écrire moi-même, un peu, parce que j’en ai rêvé, beaucoup. Je voudrais cuisiner l’intemporel avec une douceur brute même si ça ne rime à rien, et partager les images que je garde au cœur.
Mon jardin
C’était un petit jardin
D’ombre et de cailloux
Avec un mur très vieux de pierres sèches
Sous des branches de saule et de lilas
Son portillon de bois
Restait ouvert sur le dehors
Une idée de voix lointaines répondait
Au bleu murmure de ses nuages clairs
Et de la terre jusqu’au ciel il n’était
Rien qu’une douceur de saison
Une gouttière
Des mailles de fer
Coulent de la pierre
Elles attendent l’eau
Pour la conduire à la terre
Dans une gorge creusée par le fer
Pour quelques gouttes de ciel
Tant de silence
Sans la pluie
Et cette raideur
De l’air immobile
Pour accueillir
L’eau du toit
Et l’offrir
Au trottoir
Tant de battant
Dans le vent
Et la peur de partir
Sans revenir
Accroche-toi enfant
A cette échelle
Providentielle
Tant de patience
Dans le silence
Avant l’orage
Sèches, les mailles osent
Rosir avec l’arkose
Mais voilà que le ciel ruisselle
Et les mailles de fer étincellent
Crépitent comme rougit le bois
Le passant
Levant le nez
Vers le toit
Accroche son regard
A cette gorge de pierre
Et en mesure la chaîne
Descend-elle comme l’eau de gouttière
Ou bien remonte-t-elle
Comme les prières des bagnards
Qui cheminaient en grande peine
Sous les murs d’Orcival ?
Toutes les misères ici-bas
Rampent sur la terre
En regardant vers le ciel
Pour encorder leurs rêves.
